Quand le soleil descend doucement sur une des plus belles régions du monde, lui prêtant quelque chose de la somptuosité des forêts tropicales, l’homme en veste de pyjama tente de se souvenir. Il se demande entre autre pourquoi la fille au regard de feu, quand l’orage menaçait de s’abattre sur eux, ne cessait de lui parler de l’artiste germano-suisse Meret Oppenheim. Il semblerait que tout ça, l’homme en veste de pyjama l’ait raconté à son ami, un sculpteur qui vend ses œuvres par-delà les frontières. Un extrait de l’œuvre Je demeurai ce jour-là cloué sur mon siège, dans un état qu’on pourrait dire crépusculaire, état dans lequel, sans avoir absorbé ni drogue ni substance chimique, ma relation au monde se modifiait, état dans lequel ma perception de l’espace et de ma propre identité variait… Je restais de longs moments à regarder le ciel par la fenêtre… Un ciel qui était comme un voile que j’aurais voulu déchirer pour parvenir à voir ces choses que l’on ne voit pas d’habitude… Un ciel qui s’éclaircirait subitement ou bien, au contraire, s’assombrirait avec une inquiétante rapidité… Atmosphère de splendeur sidérante qui pourrait suspendre le temps alors que d’émouvantes formations nuageuses se rétractaient ou s’allongeaient au-dessus de moi… Comme si une autre réalité allait peu à peu imposer ses ombres à celle que m’offrait le spectacle de ce ciel décidément très changeant… Comme si des heures englouties allaient, tout à coup ou peu à peu, surgir des brumes d’un lointain passé… Comme si, à l’intérieur de mon crâne, entre l’écaille du temporal, les plaques osseuses de la voûte et le massif facial, allaient valser un ici et un ailleurs trébuchants… Comme s’il fallait reconstituer ce qui fut, un jour… ce qui advint une nuit ou un soir… ce qui me fit brusquement émerger d’une longue léthargie. J’enlevais parfois mes lunettes pour que les contours de l’univers se mettent à danser sur un autre rythme : air de polka qui ferait giguer mes phrases sur la page d’un grand cahier à spirale… Je savais que, là-bas, de l’autre côté de la rue, une fenêtre s’ouvrirait dans l’avant-nuit qui n’en finissait pas d’incendier les arbres de la place voisine, leur prêtant quelque chose de la somptuosité des forêts tropicales, le bitume dégageant sa capiteuse odeur de psoralée…
Lieferbar
ISBN | 9782882414250 |
---|---|
Sprache | fre |
Seiten | 246 |
Verlag | Bernard Campiche |
Jahr | 2017 |
Dieser Artikel hat noch keine Bewertungen.