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L'Héritage allemand

Massard, Janine (Suisse)

L'Héritage allemand

Heide, Allemande, mariée en Suisse dès 1935, sait peu de choses sur
ce que son frère, membre de la SS, a fait durant la guerre, en Ukraine
notamment. Prisonnier des Français à la capitulation, il se marie et
participe au miracle économique allemand. Si sa sœur l’a toujours
imaginé en brave, elle ne peut s’empêcher de s’interroger en constatant
que sa descendance, comme celle de son frère, est frappée de maladies
graves ou mortelles. D’étranges fantasmagories fleurissent sur le
non-dit mais c’est Léa, sa belle-fille, durement touchée
collatéralement, qui, à force d’obstination, obtiendra une forme de
réponse aux questions que tous les protagonistes de cette tragédie se
sont un jour posé.



Les secrets de l’oncle allemand

Dans L’Héritage allemand, Janine Massard se demande quelle ombre le passé nazi de Heinrich Honorius fait planer sur la destinée familiale dramatique.
Dans
la famille, il y a Heide, née Allemande, mariée à un Suisse depuis
1935. Son fils Marc, qui a épousé Léa. Nadia, qui a épousé Reto. La
mère de Heide, maîtresse femme qui détestait Hitler et avait envoyé sa
fille Heide dans un pensionnat suisse, loin des croix gammées affichées
dans les rues de sa ville.
Et Heinrich, enfin, frère de Heide. Aspiré dès sa quinzième année par les Hitlerjugend,
puis par la SS, qui l’envoya sur le front de l’Est, en Ukraine, où il
perdit un œil et l’usage d’une jambe. Fait prisonnier des Français, il
revint pour se fondre dans l’anonymat d’une vie de comptable ordinaire,
se maria, fit un fils, acheta une Coccinelle.Sans les événements
qui se sont succédé une bonne vingtaine d’années après son trépas,
Heinrich Honorius aurait erré dans les consciences des vivants puis
serait tombé en déshérence, à l’extinction de sa descendance. Mais
voilà, les morts et les infirmes se succèdent après lui. Léa voit sa
fille et son mari mourir du cancer. Le fils de Heinrich est gentiment
demeuré. Il se marie tout de même, et met au monde une fille
handicapée, avant de mourir à quarante ans. À cinq ans, la fille de
Nadia tombe malade du cancer, avant que Nadia elle-même ne se fasse
opérer d’un cancer du sein. Un sourd galop fait trembler la terre sous
les pieds des vivants. L’ombre d’une malédiction germe dans leur tête,
d’une punition divine pour les crimes commis avant eux, et l’impression
persistante de devoir se battre contre des ombres gluantes.

Le mystère de l’Ukraine

Alors Léa se met en tête de retracer l’évolution de cette branche
allemande greffée sur sa vie, et commence à gratter derrière l’élégance
lisse de Heinrich, dit Onkelhaha.
Des véritables activités de HH pendant la guerre, personne ne sait
rien, personne n’a jamais voulu le savoir. Heide s’était persuadée que
son frère avait dû se retrouver boulanger ou brancardier dans l’armée,
lui qui était si gentil. Mais tout le monde voyait qu’il n’était pas
rentré intact, au-delà de l’œil de verre. Heide disait qu’il fallait
oublier tout cela, pour permettre à la vie ordinaire de prendre le
dessus. De Janine Massard, il y a beaucoup dans ce livre
réparateur dont elle dit qu’il a surgi avec une violence incroyable.
La configuration familiale de Léa ressemble à la sienne: l’écrivaine a
perdu, ainsi qu’elle le raconte dans Comme si je n’avais pas traversé l’été,
un mari et une fille du cancer à quelques mois d’intervalle. Et le
travail de la gardienne de la mémoire collective qu’elle entreprend ici
est le sien depuis toujours: La Petite Monnaie des jours racontait sa jeunesse dans le milieu ouvrier de l’après-guerre. Terre noire d’usine reconstituait la réalité des domestiques de campagne du Jura industriel. Trois mariages décortiquait cette institution à travers plusieurs générations. Ce qui reste de Katarina
faisait le point sur la vie d’une femme, Allemande née en 1918,
manipulée par sa mère jusqu’à ce qu’elle épouse un Suisse, après le
décès de son fils. En 2005, Le Jardin face à la France
restituait le quotidien d’une petite ville suisse, Rolle, durant la
dernière guerre mondiale. À chaque fois, des portraits d’individus et
de leur siècle, une manière exigeante et clairvoyante d’imbriquer les
destins individuels dans les soubresauts et les états d’âme de l’époque.

Le destin des morts

L’Héritage allemand
est du même acabit, porté par une urgence poétique nouvelle, un
questionnement rude jeté à la face du destin. Sommes-nous coupables des
crimes de nos aïeux? Méritons-nous nos malheurs? Non, répond Janine
Massard, qui n’aime pas l’expression se faire coller un destin, cette
hypothèse calviniste qui pèse sur vous. Mais on ne peut s’empêcher
d’y penser jusqu’à l’obsession. On peut savoir d’où l’on vient, plus
qu’où l’on va. Lorsqu’elle lit Les Bienveillantes, elle sent
que l’oncle, de là où il est, veut qu’elle parle pour lui, le remette
dans le monde, libérant sa conscience, et celle de ses descendants.
Elle veut le croire: les morts ont besoin de nous.

ISABELLE FALCONNIER, In: Sélection les meilleurs romans de la rentrée, L’Hebdo

CHF 34.00

Lieferbar

ISBN 9782882412249
Sprache
Buchpreis
Verlag Bernard Campiche
Jahr

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