Autrefois, chaque soir, après que les enfants étaient
couchés, ils se retrouvaient avec bonheur dans le salon. Tandis qu’à
demi allongé sur le canapé, il feuilletait quelque revue professionnelle
ou regardait une émission de télévision, Béatrice corrigeait ses copies
puis elle se dressait soudain, abandonnait son travail pour venir se
blottir contre lui. Elle restait là le temps de quelques chatteries puis
retournait à ses corrections mais elle relevait souvent la tête pour lui
sourire ou lui adresser un mot gentil. Les sourires et les mots se sont
raréfiés peu à peu, ont fini par s’absenter."

     Le jour où Florent abandonne sa femme Béatrice et ses
trois enfants sur un coup de tête en partant sans rien emporter et sans
même laisser d’adresse, le monde de cette famille qui semblait pourtant
heureuse bascule.
     Chacun des membres de la famille se confie tour à tour,
nous ouvrant son cœur dans des récits poignants. Béatrice, littéralement
malade d’amour , se laisse dépérir et doit bientôt être hospitalisée.
Les enfants sont alors vraiment tous seuls : Sophie l’aînée s’enferme
dans sa crise d’adolescence, tandis qu’au contraire Sabine réagit comme
une adulte en prenant tout en mains et en s’occupant surtout de Sylvain,
brave petit frère qui pleure en cachette toutes les nuits tellement il a
du chagrin.
      Et c’est Sabine qui va sauver la situation
désespérée du couple en retrouvant son père réfugié dans sa maison
d’enfance et en le convainquant de revenir les voir malgré sa honte.
Ainsi que l’espère le petit Sylvain, la famille peut peut-être un jour
se recomposer puisqu’une affection de longue durée lie encore leurs
parents…

     Anne Bragance, à travers l’histoire tristement banale
d’une famille déchirée, nous livre un récit à la fois poignant et très
vivant où les personnages des enfants en particulier sont
extraordinaires.